Journée de la Femme

C'est aujourd'hui la journée de la femme.

Au Burkina, pour fêter l'évènement, ce jour est férié! Il faut dire que les féministes ont encore bien du boulot ici... même si les choses bougent petit à petit (par exemple l'excision aurait totalement été abandonnée) et que les situations changent selon les ethnies et que l'on soit en ville ou à la campagne.

La scolarisation des filles est encore bien inférieure à celle des garçon. Il suffit de pénétrer dans une salle de classe du sahel pour s'en rendre compte. Pourtant l'école primaire est quasiment gratuite.

Contrairement à d'autres cultures, ici c'est une fête d'avoir une fille. En effet, marier sa fille, ça rapporte. Les dotes sont très conséquentes : ânes, poules, pintades, argent, pagnes, sont nécessaires au jeune homme pour passer la bague au doigt de sa dulcinée. L'un deux, un Sénofou du lac de Tengrela, nous a dit que d'après ses calculs le mariage coûterais environ 500 000 Francs CFA soit environ 750€. A titre de comparaison, un bon salaire (d'un professeur de lycée ou d'un convoyeur de bus) tourne autour des 150 000 F CFA mensuels. Ainsi, ce jeune homme n'a pas le choix, il doit rester célibataire... et nous en avons rencontrés des dizaines et des dizaines dans son cas. Pour lui, l'avenir est clair : il va continuer à vivre dans sa petite hutte au bord du lac où il va vendre des boissons. Sa sœur est là pour l'aider (à vrai dire, elle fait tout). Elle a un enfant mais le père n'a pas suffisamment d'argent pour se marier lui aussi, ils ne peuvent donc  pas travailler ensemble.

A quelques centaines de mètres de là, vit Seydou. C'est le chef de notre campement (un hôtel mais avec des cases en terre et des sanitaires en commun). Son affaire lui rapporte bien. Pour lui le mariage n'est pas un problème. D'ailleurs, il a déjà trois femmes et en cherche une quatrième (c'est nettement mieux vu). Adamane, un de ses 13 enfants, qui a à peu près notre âge, a fait l'école coranique. Il ne sait donc lire et écrire qu'en arabe, ce qui ne lui sert à rien dans la vie de tous les jours. Sans perspective d'avenir, il reste chez son père qui le fait travailler des heures et des heures sans rémunérations, mais contre le coucher et la nourriture. Adamane ne parvient donc pas à mettre de l'argent de côté pour se marier ou pour aller au Maroc rejoindre un ami qui travaille sur les chantiers là bas. Parmi ses douze frères et soeurs, il semble qu'aucun n'ait eu la chance d'aller à l'école au delà du primaire... Pourtant Seydou cherche toujours sa quatrième femme...

Le partage des tâches entre les hommes et les femmes est également étonnant. En interrogeant un jeune burkinabé sur les "festivités" du 8 mars, celui-ci nous a répondu que certains hommes vont - ce jour là -jusqu'à préparer à manger ou faire les courses!!!! Je crois que notre étonnement n'a pas été à la hauteur de ses espérances... Un peu comme lorsqu'il nous a annoncé qu'il y avait un truc fou au Ghana : les hommes n'ont pas le droit de frapper les femmes! "Même si elles les insultent" nous précise-t-il... Avant de demander à Gabriel "En France vous pouvez quand même taper vos femmes, non?"

Il est cependant très difficile de généraliser les situations des femmes... Par exemple, au "maquis", un bar resto où les jeunes peuvent danser, les femmes sont très peu présentes. Nous avons même vu dans certains coins (très musulmans il faut le souligner), uniquement des hommes zouker sur la piste.

Par contre au "cabaret" (cf vidéo), les femmes se déchainent et boivent du dolo (mil fermenté), comme les hommes!

Comments

[evelyne]

Gabriel, merci de nous faire partager tes decouvertes.
Tu as le choix la cabane au pied du mirabellier ou ramener anes, poules, tissus colorés,argent, euros... nous serons fermes !
A moins que retrouver notre gentille fille en bonne santé nous fasse oublier la dote - possible.... -